Théâtre

La Botte secrète, c’est sans équivoque la quête du pied qui s’institue !

"La Botte secrète", Athénée théâtre Louis-Jouvet, Paris

La Compagnie Les Brigands fête ses dix ans dans la joie et la virtuosité à l’Athénée Louis Jouvet en présentant un opéra bouffe de Claude Terrasse et livret de Franc Nohain, "La Botte secrète".



"La Botte secrète" © Yves Petit.
Cet opéra bouffe, créé le 27 janvier 1903, se situe dans l’héritage de Jacques Offenbach, il est aussi à la jointure d’Alphonse Allais et Alfred Jarry (pour l’Ubu duquel Claude Terrasse écrivit la musique), mais aussi d’Érik Satie ou Claude Debussy. Également de Pierre Bonnard (beau frère de Claude Terrasse). Une occasion rêvée de découvrir un patrimoine égrillard mais pas seulement.

La scène se présente à Paris. C’est une ville formidable, saine, et le quatorze juillet, jour de république triomphante, on peut même botter les fesses aux aristos et pincer les fesses aux princesses… Ville romantique, elle est aussi fière de ses égouts tout neuf. "Les égouts, c’est Venise chez soi", déclare l’égoutier, héros de cette histoire au même titre que le prince ou la princesse. Celle-ci, en femme libre, atteinte de fièvre acheteuse, court les trottoirs et trouve enfin chaussures à son pied et celui-là est forcément à la recherche de sa corne.

"La Botte secrète" est une farce à allusions où le moindre mot a double sens mais révèle, de la part de ses auteurs, un regard aigu sur une société qui découvre, dans l’excitation du monde moderne, le frottement des classes sociales, la liberté du plaisir et du confort. La botte secrète, c’est sans équivoque la quête du pied qui s’institue.

"La Botte secrète" © Yves Petit.
Cette pochade, qui s’inscrit dans le courant des zutistes et fumistes, présente une forme sophistiquée de l’humour populaire et littéraire ainsi qu’une vision lucide et tranchée de la lutte des classes.

L’image contemporaine qu’en propose le metteur en scène tempère quelque peu cet aspect pour en actualiser le coté fripon et adoucir la violence sous-jacente.

Frénésie et ivresse de la ville lumière. Le spectateur, le mélomane écoute une suite de petits bijoux d’opéra sérieux pour sopranos, ténors et barytons (Ah, le duo de la princesse et de l’égoutier) et voit avec bonheur le chef d’orchestre et ses musiciens s’échauffer dans la fosse.

Histoire de rappeler que tout en France finit par des chansons et que le sérieux dans le travail est une approche du rire, le spectacle d’anniversaire de la Cie Les Brigands a le bon goût de se terminer par une revue de music-hall sur la passerelle des années vingt.
Des girls, un florilège des grands airs de l’opérette française (avec un petit faible pour Maurice Yvain et Jacques Offenbach). Quel pied !

"La Botte secrète"

"La Botte secrète" © Yves Petit.
Opéra bouffe de Claude Terrasse.
Livret : Franc-Nohain.
Direction musicale : Christophe Grapperon.
Mise en scène : Pierre Guillois.
Compagnie Les Brigands.
Opéra bouffe en un acte, représenté pour la première fois au Théâtre des Capucines, à Paris le 27 janvier 1903.
Orchestration : Thibault Perrine.
Scénographie : Florence Evrard.
Lumières : Christophe Forey.
Costumes : Axel Aust, assisté de Camille Pénager.
Chorégraphie et assistante à la mise en scène : Stéphanie Chêne.
Maquillages et coiffures : Catherine Nicolas.
Avec : Diana Axentii (la Princesse), Christophe Crapez (le Prince), Vincent Deliau (M. Edmond), David Ghilardi (Hector), Vincent Vantyghem (l’Égoutier).
À l'occasion des 10 ans de la Compagnie Les Brigands, "La Botte secrète" sera suivie d’une revue surprise, avec la participation exceptionnelle de douze artistes qui ont participé à une ou plusieurs productions de la compagnie fondée en 2001 : Anne-Lise Faucon, Léticia Giuffredi, Emmanuelle Goizé, Estelle Kaïque, Isabelle Mazin, Lara Neumann, Charlotte Plasse, Camille Slosse, Muriel Souty, Jean-Philippe Catusse, Gilles Favreau et Olivier Hernandez.
Durée : 1 h 35 sans entracte (La Botte Secrète + la revue surprise).

Du 16 décembre 2011 au 8 janvier 2012.
20 et 27 décembre à 19 h.
16, 21, 22, 23, 28, 29, 30, 31 décembre et 4, 5, 6 et 7 janvier à 20 h.
18 décembre et 8 janvier à 16 h.
Athénée théâtre Louis-Jouvet, Paris 9e, 01 53 05 19 19.
>> athenee-theatre.com

Jean Grapin
Mercredi 21 Décembre 2011
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